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l'ordre de laisser avancer l'ennemi, et de ne se montrer que lorsqu'ils seraient en mesure de couper la tête de la colonne. A dix heures du soir le petit poste, placé en avant ventre à terre se reploya, et vint annoncer que l'ennemi sortait de la place marchant en colonne par pelotons. Six cents grenadiers prussiens formaient cette attaque, ils étaient suivis de deux cents travailleurs, le général Ménard fit alors sortir les troupes des tranchées et fit aborder l'ennemi à la baïonnette sans tirer un seul coup de fusil. Cette agression inattendue déconcerta les grenadiers prussiens, ils s'arrêtèrent et voulurent se retirer sur une forte réserve qu'ils avaient laissée dans le chemin couvert; mais les détachemens placés à droite et à gauche des tranchées chargèrent alors sur les deux flancs, et la tête de la colonne se trouva coupée. L'ennemi perdit dans cette sortie cent quarante-neuf hommes tués, un grand nombre de blessés, et environ sept cents prisonniers.

Le feld-maréchal Kalkreuth fit demander

une suspension d'armes de deux heures pour enterrer les morts. Les assiégeans en profitèrent pour reconnaître de nouveaux emplacemens de batteries à ricochet et la direction des tranchées la plus propre à les lier aux parallèles; on joignit aussi par un boyau la gauche des deux batteries du Stolzenberg à l'attaque du Bischopsberg; enfin on porta des obusiers, des mortiers et trois pièces de douze dans la demi-place d'armes entre la deuxième et la troisième parallèle.

A l'attaque de la Basse-Vistule, le chef de bataillon du génie Sabatier faisait continuer les travaux. Il s'avançait sur la digue jusqu'au-dessous de l'embouchure du canal, il s'emparait avec un détachement d'une langue de terre située à l'extrémité de l'île d'Holm, et l'isolait par une coupure; enfin il rendait plus immédiat et completait la communication des deux rives par la construction de deux ponts de bateaux, l'un sur le fleuve et l'autre sur le canal de Laack.

Le 28 avril, à l'attaque principale, on travailla à prolonger la droite de la troisième

parallèle, et à élargir les communications. On prolongea l'un des boyaux de la demiplace d'armes vers l'emplacement qu'on avait reconnu la veille pendant la suspension d'armes.

Ce même jour, à dix heures du soir, les gardes de la troisième parallèle furent attaquées par une sortie de deux mille hommes; l'attaque commença par la gauche de la parallèle. Le commandant Rogniat, major de tranchée, s'étant avancé avec deux compagnies du 19° régiment de ligne, culbuta les assaillans et les poursuivit jusqu'aux palissades du chemin couvert, où quelques braves eurent l'imprudence de sauter. Pendant ce temps, un bataillon de grenadiers prussiens repoussa d'abord deux compagnies françaises, pendant que deux autres bataillons, sortis aussi du chemin couvert, cherchaient à les tourner; mais le général Michaud qui commandait la réserve, marcha au secours des gardes de tranchée, et repoussa l'ennemi au moment où il pénétrait dans les communications de la troisième parallèle. Les Prus

siens, revenus trois fois à la charge, et trois fois rejetés sur la place, perdirent soixante et dix hommes tués, beaucoup de blessés et deux cents prisonniers.

Le 30 avril, les batteries des assiégeans, augmentées, comme nous l'avons dit, de plusieurs pièces arrivées de Varsovie, foudroyèrent la place, où le feu se manifesta dans plusieurs endroits. On établit dans cette même journée deux nouvelles batteries, l'une dans la deuxième parallèle, et l'autre un peu en avant, pour balayer les approches du chemin couvert de la demi-lune, et battre les réduits en charpente qui étaient dans la place d'armes rentrante.

De leur côté, les assiégés répondaient par le feu de toutes les batteries du front d'attaque. Ils dirigèrent plus de trente bouches à feu sur la redoute qui tirait avec le plus d'effet. Les gardes du chemin couvert ne cessaient d'inquiéter les travailleurs par des feux de pelotons bien nourris. Des pots à feu lancés des ouvrages de la place éclairaient les travaux de la tranchée, et cependant on

parvint à établir la communication de la deuxième à la troisième parallèle. On déboucha à la sape pleine de deux points de la troisième parallèle pour s'avancer sur la capitale de la demi-lune.

Le siége traînait en longueur. Les fortifications extérieures étant en terre, l'artillerie des assiégeans ne pouvait les ruiner. Le maréchal Lefebvre, non moins impatient que l'empereur Napoléon de réduire Dantzick, décida, d'après l'avis des généraux commandant le génie et l'artillerie, qu'il fallait s'attacher à détruire les palissades, et faciliter à l'infanterie l'assaut des ouvrages. On continua donc, le 2 mai, la sape sur le saillant de la demi-lune; mais ce travail n'avançait que lentement, avec beaucoup de peine et de péril, parce que le canon de l'ennemi renversait les gabions à mesure qu'on les posait. On parvint cependant, dans la nuit du 2 au 3, à rejoindre les deux têtes de sape de la portion circulaire sur le saillant de la demi-lune. L'ennemi, pour s'opposer à ces progrès, et pour détruire les ouvrages du

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