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seconda celle de la garde impériale; tous les coups portaient dans les masses serrées de l'infanterie russe, qui n'en furent point ébranlées. Pendant cette épouvantable canonnade, les divisions des généraux Heudelet et Desjardins, du corps du maréchal Augereau, débouchaient et entraient en ligne entre la gauche de la division SaintHilaire et le monticule du cimetière, derrière lequel toute l'infanterie de la garde était en réserve.

Le dessein de l'empereur Napoléon était de manoeuvrer par son aile droite (le corps du maréchal Davout) pour envelopper l'aile gauche de l'ennemi appuyée aux villages de Serpallen et Sansgarten; il ordonna au général Saint-Hilaire de former sa division en bataillons déployés, soutenus par des ba taillons en colonne, et de marcher ainsi en avant pour seconder par sa droite l'attaque du maréchal Davout. L'objet de cette attaque, dont nous parlerons tout à l'heure, était, après avoir débordé cette aile gauche, de la prendre en flanc et sur ses derrières

pour la rejeter sur le centre de la ligne russe que Napoléon faisait attaquer par le corps du maréchal Augereau soutenu par la grande réserve de cavalerie et par la garde impériale.

Il suffit de jeter les yeux sur le plan du champ de bataille, pour concevoir le dessein du général français; la description du terrain tout parsemé de petits lacs et de monticules, n'est presque d'aucune importance, parce que toutes les eaux étaient fortement gelées, et que tout le pays couvert de neige n'offrait d'accidens remarquables et d'obstacles naturels que quelques petits villages et les bois en arrière du centre et de la gauche de la ligne russe.

Dès le commencement de l'action, le général Benningsen, comptant sur l'effet de sa formidable artillerie, tenta de manoeuvrer par sa droite et d'enlever la ville d'Erlau pour hâter et assurer le ralliement du corps prussien; mais l'audace avec laquelle les colonnes françaises débouchèrent sous le feu plongeant des batteries russes, et bientôt

du ma

après l'attaque formée par le. corps réchal Augereau et les premiers mouvemens de la division Saint-Hilaire, obligèrent le général Benningsen à changer sa disposition, et dégagèrent la gauche de l'armée française. A mesure que le maréchal Davout débouchait sur la direction de Serpallen, en s'élevant sur l'extrême gauche de la ligne russe, et que la division Saint-Hilaire se portait à droite pour se joindre à la gauche de ce maréchal, l'armée française prenait un ordre oblique par rapport à la position générale de l'ennemi; la ville d'Erlau servait de pivot à ce demi-changement de front, et le succès de l'attaque sur le centre devait décider promptement la victoire.

L'exécution de cette savante disposition fut contrariéc par un accident qui prolongea la lutte et rendit la bataille plus sanglante et moins décisive. Une neige épaisse, poussée avec violence par le vent du nord, obscurcit tout à coup l'horizon; les Français recevant en face la bourrasque en étaient aveuglés, tandis que les Russes l'avaient à dos et pou

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vaient plus facilement se mouvoir et manier leurs armes. Pendant cette nuit soudaine la tête des colonnes du maréchal Augereau perdit son point de direction et se porta trop à gauche. Le maréchal se trouva ainsi engagé entre les troupes de l'aile droite des Russes, commandées par le général Tutschakow, et celles du centre et de la réserve du général Doctorow. Dans cette fâcheuse. position, ce corps d'armée eut beaucoup à souffrir et fit de grandes pertes; on se battit corps à corps. Le maréchal Augereau, grièvement blessé, fut emporté du champ de bataille; les généraux de ses deux divisions, Desjardins et Heudelet, furent aussi blessés. Napoléon ne laissa pas au général Benningsen le temps de profiter de cette circonstance; dès qu'il s'aperçut à la première éclaircie de la fausse direction qu'avaient prise les colonnes d'Augereau, il ordonna au grand-duc de Berg de se mettre à la tête de toute la cavalerie, et au maréchal Bessières de s'y réunir avec la garde à cheval pour faire une charge générale sur le centre

de l'ennemi. C'était le seul moyen d'empêcher ses colonnes de pénétrer dans l'intervalle qu'avait laissé dans la ligne française la divergence et le flottement des colonnes du corps du maréchal Augereau, de le dégager, et d'arrêter les entreprises de l'ennemi sur le point où il montrait le plus de forces et avait le plus d'avantages de position.

Le grand-duc de Berg, conduisant les quatre divisions de cavalerie des généraux Klein, d'Hautpoult, Milhaud et Grouchy, tourna rapidement la division Saint-Hilaire ; le maréchal Bessières le suivit avec les grenadiers à cheval, les dragons et les chasseurs de la garde. La cavalerie russe qui était formée en avant du centre, bien inférieure à cette masse d'environ soixante-dix escadrons, fut culbutée au premier choc; le grand-duc et le maréchal firent alors charger l'infanterie : deux lignes furent enfoncées, deux fois traversées, et abandonnèrent jeur artillerie. Malgré le feu bien soutenu et la ferme contenance de cette infanterie, la charge brillante et inattendue de la cavalerie française eut un plein succès et chan

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