Imágenes de página
PDF
ePub

nemi, et prendre en flanc tous ceux qui chercheraient à se sauver par la digue de la rive droite.

Le général Schram fit aborder ses troupes à Furstenwerder, le 20 mars, à quatre heures du matin. Elles gagnèrent très-heureusement la rive opposée sans être aperçues. Le lieutenant Lavergne, du 2o régiment d'infanterie légère, parvint le premier à la pointe de l'île à côté d'une digue qui la traverse, et dont le général Schram lui avait ordonné de s'emparer à tout prix. Ce brave officier marcha droit sur le poste ennemi, le surprit, s'en rendit maître, et paya généreusement de sa vie ce beau fait d'armes.

Le succès de cette première attaque assura le débarquement du reste des troupes. Le colonel Brayer ayant formé sa colonne, se dirigea sur Nikelswalden, afin d'empêcher l'ennemi de se retirer sur Dantzick. La seconde colonne, aux ordres du colonel Vogel, se dirigea sur le lac Fruenkalmyn, où elle devait prendre position; sa droite appuyée au lac et sa gauche à la mer, afin d'observer

le point de Pillau, et de s'opposer à la retraite de l'ennemi de ce côté. Le général Schram, avec la colonne du colonel Montmarie, marcha directement sur les Prussiens.

Le général prussien qui commandait sur l'île de Nehrung, déconcerté par cette attaque inattendue, n'eut le temps de faire aucune disposition. Il ne put rallier ses troupes, sous la protection de quelques pièces d'artillerie, qu'entre Wordelm et Bohnsack. Chassés de cette position, et poursuivis vivement, les Prussiens se jetèrent dans les dunes, entre Newhar et Krakau, où ils reçurent un renfort d'infanterie et six cents cosaques, envoyés par le maréchal Kalkreuth. Ces troupes fraîches rétablirent le combat avec d'autant plus d'avantage, que les Français n'avaient alors qu'une seule pièce pour répondre à la nombreuse artillerie qu'avait le général prussien.

Le général Schram ayant fait avancer un bataillon du 2o régiment d'infanterie légère, fit charger vigoureusement les cosaques; et

ceux-ci, effrayés de cette attaque, entraînèrent dans leur fuite le reste de la troupe prussienne, qui se retira en désordre sous le canon du fort de Weichselmunde.

Le maréchal Kalkreuth, vers les sept heures du soir, fit sortir de Dantzick une colonne d'environ quatre mille hommes pour rallier les troupes battues, et pour empêcher les Français de s'établir dans l'île de Nehrung. Malgré la supériorité du nombre, les Français rengagèrent le combat avec une nouvelle ardeur et de nouveaux succès. La colonne rentra dans la place, et l'île de Nehrung resta au pouvoir des vainqueurs, avec deux cents prisonniers et deux pièces d'artillerie.

Le maréchal Lefebvre ne perdit pas un instant pour s'assurer la possession d'une conquête si importante. Il fit établir un pont sur le front gauche de la Vistule, et construire divers ouvrages propres à arrêter les tentatives de l'ennemi du côté de Dantzick,

et celles qui pourraient être essayées du cole

de Pillau. Le général du génie Kirgener

[graphic]

fut chargé de reconnaître le terrain et de déterminer les ouvrages à construire, principalement vers la pointe de la presqu'île, visà-vis du fort de Pillau. C'était le point qu'il importait de défendre pour interdire à l'ennemi toute communication par terre avec les assiégés.

Il n'était pas moins essentiel de s'emparer des retranchemens élevés par les Prussiens sur la rive gauche de la Basse-Vistule, devant Weichselmunde, et et par là d'intercepter toute communication avec la mer; mais le maréchal Lefebvre n'avait encore ni assez de troupes ni assez d'artillerie pour tenter cette entreprise. A peine avec neuf mille hommes pouvait-il garder les postes dont il s'était déjà rendu maître.

Le gouverneur Kalkreuth, qui, sans compter les milices bourgeoises, avait à sa disposition une garnison d'environ dix-huit à vingt mille hommes, prépara une sortie générale pour détruire les ouvrages déjà commencés par les assiégeans; mais le maréchal Lefebvre, connaissant la force de la garni

son depuis les renforts arrivés de Königsberg avec le gouverneur, s'attendait à cette sortie; il la repoussa vigoureusement en faisant attaquer lui-même les colonnes prussiennes, qui furent contraintes de rentrer dans la place sans avoir obtenu sur aucun point le moindre succès.

Pendant que le gouverneur profitait de la faiblesse du corps assiégeant, et faisait ses efforts pour le tenir éloigné des ouvrages extérieurs, il ne négligeait pas d'inquiéter les derrières par des partis. Le colonel Krakow, qui commandait un de ces partis, s'étant trop engagé, fut chargé et coupé par un escadron du 19° régiment de chasseurs français, et par un régiment de lanciers polonais. La majeure partie du détachement prussien (environ quatre cents hommes) fut contrainte de mettre bas les armes; le reste se sauva en désordre et ne rentra qu'avec peine dans Dantzick. Krakow lui-même, atteint par quelques lanciers polonais, fut fait pri

sonnier.

Tels furent les événemens de quelque im

« AnteriorContinuar »