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que sur un tel sujet nous sommes forcés d'être compilateurs et copistes.

La ville de Dantzick, autrefois l'une des anséatiques, était échue en partage au roi de Prusse en 1795, époque du dernier démembrement de la Pologne. Elle avait beaucoup perdu de son commerce et de sa population par ce changement de domination; située sur la mer Baltique à l'embouchure de la Vistule, cette place est traversée du sud au nord par la Moltau, petite rivière qui vient se jeter dans la Vistule, et qui sert de canal pour la communication des bateaux marchands. Un bras de cette rivière forme l'île appelée Speicherstadt, et ses eaux servent beaucoup à la défense de la place. Avant la guerre de 1807, la position de Dantzick ne pouvant laisser présumer qu'elle dût avoir à soutenir un siége, l'entretien de ses fortifications avait été fort négligé; mais depuis que les batailles d'Iéna et d'Auerstaëdt avaient entraîné la destruction de l'armée prusienne et ouvert le royaume, le général Manstein, qui com

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mandait à Dantzick en l'abscence du feldmaréchal Kalkreuth, gouverneur titulaire, avait fait travailler avec activité au perfectionnement des ouvrages extérieurs; il s'était surtout appliqué à les faire fortement palissader.

Le dixième corps de la Grande- Armée, commandé par le maréchal Lefebvre, avait été, comme on l'a dit, formé à Thorn. Il était destiné aux siéges de Dantzick, de Graudentz et de Colberg. Ce corps se composait de deux divisions polonaises sous les ordres du général Dombrowski, du conțingent du grand-duc de Bade, d'un corps saxon, d'une division de troupes italiennes, d'une autre du général Teulié, et de divers corps de troupes françaises. Les parties de ce corps d'armée qui en furent détachées pour les siéges ou blocus de Colberg et de Graudentz, varièrent suivant les circonstances. Celle qui fut spécialement destinée et employée au siége de Dantzick, se composait en infanterie de deux divisions françaises et de trois divisions étrangères, et en cava

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lerie d'une brigade française, d'une brigade saxonne, d'un régiment de hussards badois, et d'un régiment de hussards polonais. Nos lecteurs trouveront aux Pièces justificatives un état de situation de ces différentes troupes. Le général Chasseloup commandait en chef le génie, le général Drouet remplissait les fonctions de chef de l'étatmajor général; le général Kirgener était directeur des attaques, et commanda en chef l'arme du génie jusqu'au 19 avril. Le général Lariboissière commandait en chef l'artillerie; il avait sous ses ordres les généraux Danthouard et Lamartinière. Au 1 février, les troupes du général Dombrowski avaient commencé à s'approcher de Dantzick, et avaient pris position à Mewe, sur la rive gauche de la Vistule. Le général Ménard, qui commandait le corps badois, arriva sur le même point le 15 février, et repoussa un détachement de la garnison de Dantzick qui était venu de Dirschau à sa rencontre. Le général Dombrowski ayant été ainsi renforcé, reçut

l'ordre d'attaquer un gros détachement ennemi qui occupait une position avantageuse à Dirschau et aux environs; il fit d'abord faire une reconnaissance du côté de Gremblin par le colonel Dombrowski son fils, à la tête d'un régiment de cavalerie, de. quatre compagnies de chasseurs, et de deux pièces de canon.

Le général polonais mit ses troupes en mouvement le 23 février, et dirigea le général Ménard sur la route de Dirschau, pour tourner la ville par la gauche, afin de couvrir la route de Dantzick. L'infanterie polonaise suivit le chemin qui conduit par Kaskawa à Dirschau, par la rive droite de la Vistule. Les deux colonnes marchèrent à la même hauteur jusqu'à portée de canon de Dirschau; l'avant-garde du général Ménard, commandée par le général Puthod, attaqua une colonne ennemie qui accourait pour renforcer les troupes postées dans la ville, et le gros de la colonne badoise prit position sur la route de Dantzick.

Les Prussiens, qui étaient sortis de Dir

schau pour venir à la rencontre de la colonne polonaise, ne tardèrent pas à être attaqués par l'avant-garde, aux ordres du général Nimeiewski. L'agression des Polonais fut si brusque, que les Prussiens rentrèrent presque aussitôt dans le faubourg. Cette infanterie, soutenue par son artillerie, se défendit long-temps dans cette position; mais elle y fut encore forcée, et rentra dans Dirschau, après avoir mis le feu aux maisons qu'elle abandonnait. La partie des troupes qui, par le succès de cette première attaque, se trouva renfermée dans la ville, était à peu près de quinze cents hommes. Ils se retranchèrent dans une église et dans un cimetière, et s'y défendirent avec d'autant plus de résolution qu'ils espéraient être secourus par le détachement que le gouverneur de Dantzick avait fait sortir, dès qu'il avait eu avis de la marche des troupes polonaises et badoises; mais cette colonne, qui s'avançait vers Dirschau, se trouva coupée par l'avant-garde du général Ménard.

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