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Le maréchal ne conserva sur le Bas-Oder qu'une division d'infanterie, commandée par le général Dupas, et deux régimens de cavalerie hollandaise, hussards et cuirassiers, sous les ordres du général Lorge. Le premier soin du maréchal fut d'assurer, par des partis composés d'infanterie et de cavalerie, les communications entre Camin et Colberg, et de Stettin à Marienwerder et Thorn. Il fit surveiller aussi par des détachemens toute la côte de la Baltique, et les deux rives de l'Oder. Le reste des troupes, sous les ordres du maréchal, ne tarda pas à recevoir diverses destinations pour se rallier à la Grande-Armée, et pour renforcer le corps qui assiégeait Colberg, et dont le commandement fut donné au général Loison. Le maréchal lui-même partit de Stettin le 14 mai, avec son état-major, et porta son quartier-général à Rumelsburg. Dans cette position, à l'embranchement des routes de Colberg et de Dantzick, il était en mesure de porter des secours sur les points où il serait le plus nécessaire.

Nous ne parlerons pas des mouvemens ultérieurs des troupes formant le corps du maréchal Mortier (8 corps de la GrandeArmée), jusqu'à l'époque où il rentra en ligne, et prit une part non moins glorieuse aux opérations de l'ouverture de la campagne dans la Prusse orientale, qu'à celles qu'il avait dirigées dans les deux Pomeranies. Une partie de ce corps d'armée, savoir, les chevau-légers belges, une compagnie d'artillerie à cheval hollandaise, et les trois régimens d'infanterie hollandais, passèrent avec les généraux Granjan et Lacombe SaintMichel, sous les ordres du maréchal Brune. Ce maréchal, comme nous le dirons plus tard, fut chargé du commandement en chef entre l'Elbe et l'Oder, et d'observer l'armée suédoise.

Nous avons rendu compte de la position des corps de la Grande-Armée française cantonnée sur la Passarge, de celle de l'armée russe, et de l'observation mutuelle des corps du maréchal Masséna et du général Essen, sur la Narew. Nous avons fait connaître, en

anticipant un peu sur l'ordre des dates, les opérations de la guerre de siége conduite en Silésie par le général Vandamme, sous les ordres du prince Jérôme, et de celle aussi terminée en Pomeranie par le maréchal Mortier. Il nous reste, avant de parler des opérations de l'ouverture de la campagne dans la Prusse orientale, à donner l'historique du siége de Dantzick, et à faire connaître comment fut employé tout le temps du séjour de l'armée française sur la Passarge. Si nous avons retracé trop rapidement les siéges des places de la Silésie, où les troupes vurtembergeoises et bavaroises se distinguèrent par des actions audacieuses, et suppléèrent à leur petit nombre par la plus étonnante activité, c'est que nous avons craint de distraire trop long-temps l'attention de nos lecteurs de la scène principale, et du but des efforts et de la constance de Napoléon.

CHAPITRE XIX.

Siége de Dantzick.

Il n'en est pas du siége d'une grande place comme des opérations en campagne; on sait qu'il est souvent difficile de démêler dans celles-ci le point de la vérité historique, et de conclure des rapports contradictoires des deux partis une narration impartiale des faits, lors même que les résultats sont évidemment prouvés et reconnus. La diversité des rapports et de la manière dont les incidens ont été aperçus par les témoins oculaires, le dissentiment des chefs sur les moyens employés, sur les manoeuvres, jettent toujours quelques obscurités dans les narrations les plus sincères et les plus impartiales. Tout au contraire, dans l'histoire d'un siége, les moindres événemens sont constatés authentiquement. Il n'en est aucun qui ne soit fixé, soit pour l'attaque, soit pour la

défense, avec la plus grande précision. Le journal d'un siége est une sorte de procèsverbal auquel on doit faire foi, puisque rien n'y peut être altéré, et que les rapports sur les progrès des travaux, d'après les plans d'attaque une fois arrêtés, sont consignés chaque jour, et presque heure par heure. Ceux d'entre nos lecteurs dont l'attention ne s'arrête que sur le résultat des événemens de guerre, se satisferaient peutêtre d'un précis très-succinct du siége de Dantzick, si mémorable par son importance; mais nous croyons devoir de plus grands détails aux militaires éclairés et versés dans l'art de l'attaque et de la défense des places. C'est pour répondre à leur attente que nous avons recueilli avec la plus scrupuleuse fidélité tout ce que le journal officiel de ce siége, tel qu'il fut rédigé par le général du génie Kirgener, et d'autres relations publiées d'après des documens authentiques, nous ont paru renfermer de faits importans. Nous ne devons point craindre le reproche de plagiat, puis

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