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pense qu'indépendamment de circonstances passagères, la Prusse devait être considérée comme l'alliée naturelle de la France, et que c'était la plus forte barrière que les puissances occidentales de l'Europe pussent opposer à l'ambition de la Russie; mais, en admettant la justesse de ces considérations générales, on doit reconnaître qu'elles ne pouvaient entrer dans le système de guerre de Napoléon. La conservation de ces places aurait distrait de la masse de l'armée française un grand nombre de troupes; leur situation était trop excentrique par rapport à la ligne d'opération, et elle pouvait lui fournir d'utiles appuis.

Pendant que le général Vandamme entreprenait le siége de Neiss, la plus forte place de la Haute-Silésie, avec un corps de six mille hommes, nombre à peine égal à celui de la garnison, le prince Jérôme, dont le quartier-général était établi à Munchenberg, faisait observer la garnison de Glatz général Lefebvre - Desnouettes. Le prince d'Anhalt, qui s'était jeté dans cette place

par

le

après son dernier échec et la dispersión de la masse des paysans, tenta encore un effort; il fut vigoureusement repoussé.

La ville de Neiss est située sur la rive droite de la rivière de ce nom. Une ville nouvellement bâtie par Frédéric II sur la rive gauche renferme la plus grande partie des magasins et des établissemens militaires. Les fortifications de Neiss consistaient en une première enceinte bastionnée, avec une fausse-braie et des cavaliers; ces ouvrages n'étaient point revêtus: une seconde enceinte formée par des contre-gardes et des demi-lunes unies entre elles par des flancs rentrans, avait son escarpe et sa contrescarpe revêtues. Ces deux enceintes étaient encore défendues par une enveloppe en terre avec un avant-fossé. Des écluses renfermées dans les fortifications servaient à inonder tous les terrains compris entre la Neiss et la petite rivière de Bilau jusqu'au pied des hauteurs. Les fossés et les avant-fossés étaient aussi inondés jusqu'à huit ou dix pieds de profondeur. Entre les fossés, détaché dans l'inondation,

se trouvait le fort Blockhausen, ou fort d'eau très-avantageusement situé pour gêner les approches de la place. La partie de la nouvelle ville située sur la rive gauche de la Neiss était défendue par un fort étoilé revêtu d'escarpe et contrescarpe. Ce fort appelé le fort de Prusse, était lié à la rivière par une ligne continue flanquée de quelques redans; enfin une autre ligne bastionnée s'appuyant sur l'inondation et sur la BasseNeiss, formait un bon camp retranché; le terrain mamelonné en avant du camp offrait beaucoup d'avantages pour les atta-. ques; mais la prise du camp ne pouvait influer sur celle de la place.

Neiss fut entièrement bloquée le 24 février, et dans la nuit du 1er au 2 mars, la première parallèle fut tracée sur le front de la porte de Neustadt. Les travaux ne furent poussés vivement que vers le 11 avril, lorsque la reddition de Schveidnitz permit de porter tous les efforts, tous les moyens contre la ville de Neiss. A cette époque le baron de Kleist, aide-de-camp du roi de

Prusse, nouvellement nommé gouverneur de la Silésie, commandait à Glatz; voyant que la place de Neiss n'était encore que faiblement attaquée, il tenta de la secourir et sortit de Glatz avec un corps d'environ quatre mille hommes, pour attaquer celui du général Lefebvre Desnouettes, en position à Franckenstein. Le général Kleist combina son attaque avec celle du fort détachement sorti de Silberberg; les deux corps se portèrent sur la position de Franckenstein, et cherchèrent à la tourner par la droite. Le prince Jérôme partit de Munchenberg, arriva avec sa réserve lorsque le combat venait de s'engager; les Prussiens furent complétement battus et poursuivis jusque sous les murs de Glatz, après avoir laissé sur le champ de bataille, trois cents hommes tués, six cents prisonniers et trois pièces de canon. Quatre cents autres dispersés dans les bois furent enveloppés; cependant le siége de Neiss fut continué avec vigueur, une partie de la ville était déjà incendiée; mais le feu de la place et principalement

celui du fort d'eau, qui prenait d'écharpe les ouvrages des assiégeans, démontait leur artillerie, et prolongeait la défense. Les pièces qui arrivèrent de Schveidnitz, donnèrent au général Vandamme, des moyens de battre avec plus de succès les ouvrages extérieurs, et surtout le Blockhausen; il se détermina à livrer assaut à ce fort.

Cette audacieuse entreprise, conduite par le colonel Nauberoun, eut un plein succès; les troupes vurtembergeoises franchirent tous les obstacles de la Neiss et de la Bilau: le feu de la mitraille et de la mousqueterie, la profondeur du fossé rempli d'eau qui ceignait le Hausen, ne les arrêtèrent point. Le fort fut emporté.

Le général Vandamme ayant fait raser le fort d'eau et incendier les moulins, les approches devinrent plus faciles; et l'arrivée de quelques renforts mit les assiégeans en état de bloquer plus strictement la place sur la Basse-Neiss: on commença à battre en brèche; le bombardement fut poussé avec plus de chaleur, le feu des assiégés devenait

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