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avons vu passer deux fois, en vente publique, la traduction de la Philosophie occulte d'Henry-Corneille Agrippa. La première fois, l'ouvrage, défraichi et rogné un peu court, relié en veau, s'est vendu 20 francs. La seconde, un exemplaire (de la même édition, puisqu'il n'y en a qu'une) en grand papier, il est vrai, et de plus d'une conservation parfaite, a été adjugé à 215 francs. Les livres anciens sur la Sorcellerie et la Possession sont généralement très fatigués. Ils ont été beaucoup lus, peu soignés. Le bibliophile n'admet sur les rayons de son cabinet que des livres impeccables; il donne la chasse à tous les exemplaires de choix qui se cotent fort cher. Quant aux autres, ils n'ont que la valeur de rareté que leur attribue le caprice ou le besoin de l'acheteur. Un tarif cût exposé nos lecteurs à des mécomptes graves. Aussi bien le temps modifie singulièrement le prix des livres. Quoi de plus fantaisiste aujourd'hui que les prix de Brunet et même ceux de Cohen?

Et maintenant, quelques mots sur la méthode de travail que nous avons suivie.

Il faut qu'il soit bien entendu que nous n'avons risqué d'incursions sur les départements des sciences occultes distinctes de la Sorcellerie, qu'autant que l'espèce se rapportait à la démonologie.

Parlons-nous des apparitions? C'est seulement lorsqu'il s'agit d'apparitions de démons bien caractérisées, de fantômes nettement diaboliques.

Parlons-nous du spiritisme? C'est seulement en tant que les écrits notés inculpent les spirites de satanisme ou les en disculpent.

Le lecteur ne devra donc pas s'étonner de rencontrer seulement quelques titres relatifs aux apparitions, seulement quelques titres relatifs au spiritisme.

Même observation pour telle autre science comme le magnétisme ou la médecine. Si nous retenons certains volumes médicaux et non point certains autres, sur l'hystérie par exemple, c'est que, dans ceux que nous citons, l'hystérie, selon la thèse favorite des médecins modernes, est donnée comme l'explication définitive de la possession démoniaque.

Toujours guidé par la même préoccupation, nous avons fortement émondé plusieurs chapitres de tout ce qui ne nous y paraissait pas indispensable. Prenons les convulsionnaires de Saint-Médard. Il y a dans leur cas, deux parts à établir: 1o Les convulsions proprement dites, qualifiées possession par l'orthodoxie catholique; 2o La querelle du Jansénisme se poursuivant à leur propos. Nous avons gardé les faits:

cabrioles épidémiques, grand-secours et prétendus miracles. Nous avons éliminé toute discussion polémique relative à la bulle Unigenitus.

La partie de cet Essai qui présentera le plus de ces lacunes volontaires est, sans contredit, celle réservée aux œuvres d'imagination. Ici nous avons reculé devant le flot des titres inutiles qui menaçaient de nous submerger. Mais quel critérium un peu sérieux nous permettait de faire un choix? Où commencent, où finissent les droits de l'imagination dans notre matière? La légende de Faust et les pièces de théâtre qu'elle a engendrées se rapportent évidemment à notre sujet. C'est du satanisme pur. Mais où est le satanisme dans telle pièce à titre diabolique comme les Pilules du Diable? Nous avons, dans le doute, rejeté de parti-pris tout ce qui ne nous semblait pas présenter un caractère suffisamment documentaire, tout ce qui ne reposait pas sur une base un peu scientifique, si ce terme peut être employé ici.

En un mot, nous avons fait tous nos efforts pour serrer notre sujet au plus près, en évitant de divaguer ça et là, alors même que certains rapprochements, certaines analogies séduisantes pouvaient nous inciter. à ces écarts.

La rédaction des titres n'a jamais été modifiée. Nous nous sommes borné à reporter en tête le nom de l'auteur, avec ses qualités (quelquefois abrégées afin de permettre la lecture de chaque page d'un seul coup d'œil. Les archaïsmes dans l'orthographe ont été fidèlement respectés jusqu'à la fin du règne de Louis XII environ. A partir de la seconde moitié du xvIe siècle, nous avons parfois modernisé cette orthographe, suivant en cela l'exemple de la Bibliothèque nationale.

Les noms d'auteurs sont imprimés en lettres grasses. Le prénom suit en caractères ordinaires, entre parenthèses. Les qualités sont en italiques. Les noms des traducteurs, préfaciers, commentateurs dans le courant d'un titre sont en petites capitales.

Lorsque le nom de l'auteur est mis par nous entre crochets [ ], c'est que l'ouvrage est anonyme. Quand une date ou une indication quelconque est également entre crochets, c'est qu'elle n'existe pas dans le texte et constitue une addition de notre part. Nous avons fait de ces additions pour les pseudonymes.

Nous avons encore employé les crochets pour désigner toute œuvre ne formant pas unité bibliographique et faisant partie d'un recueil, d'une revue, d'un journal. L'indication de la source suit immédiatement, en petit texte, celui des notes.

En ce qui concerne l'énumération des éditions ou réimpressions successives des volumes cités, il y avait lieu de faire une distinction. Pour

les ouvrages ne traitant qu'incidemment de la Sorcellerie et de la Posses. sion, nous avons cité l'édition qui nous a paru la plus complète ou la plus recherchée, nous contentant souvent de l'édition originale. Pour les ouvrages qui traitent spécialement et uniquement de démonologie, nous nous sommes efforcé, au contraire, de réunir le plus grand nombre possible d'éditions différentes, en indiquant, autant que nous l'avons pu, le nom du libraire, la date, le format et les variantes dans le titre.

Nous ne saurions clore ce préliminaire sans adresser l'hommage de notre sincère gratitude aux fonctionnaires de la Bibliothèque nationale et nommément à MM. Blanchet, conservateur, Pillon-Dufresnes, D'Auriac, Corda et Denise, bibliothécaires, ainsi qu'à M. Moureaux, des estampes, lesquels, avec une rare courtoisie et une patience presque angélique se sont prêtés aux obsessions du plus indiscret des bibliographes.

Un affectueux remerciement est spécialement dù à notre ami JulesAdrien Martin de qui le concours nous a été précieux pour certaines recherches minutieuses où son érudition sûre nous a aplani la route et évité bien des tâtonnements.

Nous adressons enfin un pressant appel à la bienveillance de tous nos lecteurs, les priant instamment de nous signaler les erreurs et les omissions (certainement nombreuses) qu'ils découvriront dans cet Essai. Leurs observations seront accueillies avec reconnaissance et il en sera tenu compte dans le Supplément que nous publierons un jour, s'il y a licu.

R. Y.-P.

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