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Belle du mesme or fin de sa temple yvoirine,
Belle des mesmes yeux et si doux et si clairs,
Belle du mesme ris de sa bouche pourprine,
Mais plus belle d'autant qu'elle estoit plus divine,
Et que ses vestements estoient vestus d'esclairs.
Elle sembloit luy dire: ô l'ame de mon ame,
Pourquoy regrettes-tu de me voir en bonheur ?
Je ne sens moins au ciel qu'en la terre ma flame;
Ton amour bien plus grand et plus parfait m'enflame,
Très heureuse par tout, sinon en ta douleur.

Rends moy, je te supply, mes joyes coustumières,
Ayme moy en t'aymant. Hélas! tu te deçois..
Tous ces tristes soupirs esteignent mes lumières,
Et tu ne sçais hélas! que tes moites paupières
Espandent, non tes pleurs, ains le sang des François.
Mon cœur, ne crains donc plus, je ne suis point absente,
Bien qu'invisible aux yeux, je suis avecques toy :
Et si ton œil encor me veut voir plus présente,
Ton Cesar, mon miroir, au vif me represente,
Tu m'y verras en toy, tu t'y verras en moy.

Elle parlait ainsi quand ses rais la cachèrent
Dedans les rais du jour : et luy tout consolé,
Delibera de voir la tombe où se couchèrent
Tant de perfections que les cieux espanchèrent
Sur ce corps où son cœur vit pour jamais collé.
6....

Approché du tombeau, pasle, froid, immobile,
Il colla longuement sur le marbre son œil :
Puis enfin desbondant une mer infertile
De pleurs et de soupirs, par un hélas débile,
Il ouvrit son silence et parla au cercueil :

...

O marbre cher et saint, qui as dedans ta lame
Mon cœur comme au dehors mes yeux toujours fondans
La mort n'est point en toy, mais l'amour et la flame :
Aussi je sens toujours tes brasiers dans mon âme,
Moins adoucis hélas! mais non pas moins ardants.
Prends donc, prends ces soupirs et ces baisers encore
Que je lave de pleurs, et les donne au beau corps
Qui git froid dans ton sein et que mon sein adore,
Afin que si jamais son bel esprit l'honore
D'un regard, il regarde avec sa mort mes morts.
Ainsi parloit Cleon, et la tombe creusée
Murmuroit aux soupirs de son gemissement,
S'arrousant à ses pleurs d'une triste rosée :
Quand mesme il la baisa, elle estoit embrasée,
Et sembloit au despart vouloir suyvre l'amant.

Edouard TRICOTEL.

NÉCROLOGIE.

JULES RENOUVIER.

La mort vient de ravir à l'art et à l'archéologie un de ses plus savants historiens. M. Jules Renouvier, né à Montpellier, le 13 décembre 1804, est mort subitement à la fin du mois dernier. Après avoir consacré toute sa jeunesse à l'étude, M. J. Renouvier ne se décida à publier ses travaux que lorsqu'il fut certain de son savoir, et c'est à cela que l'on est redevable de ces qualités essentielles de clarté et de saine critique qui sont le propre de tous les ouvrages sortis de sa plume. Inspecteur divisionnaire des monuments historiques, M. J. Renouvier commença par des études purement archéologiques; plus tard, il changea la direction de ses travaux et entreprit la tâche difficile de rechercher les origines de la gravure. Il faisait paraître, il y a à peine un mois, un fort volume sur la gravure dans les Pays-Bas et en Allemagne, et il nous disait, tout récemment encore, que l'année prochaine, il publierait le résultat de ses recherches sur l'Italie et sur la France. Outre cet ouvrage considérable, d'autres de moindre importante étaient prêts à paraître. Une notice sur Jehan de Paris, une étude sur Greuze, couronnée par l'Académie de Dijon, et un assez long travail sur les graveurs de la Révolution, devaient presque immédiatement être livrés à l'impression. Espérons que ces travaux ne resteront pas inédits et que la famille de M. Renouvier, comprenant la perte que fait l'histoire de l'art, consentira à laisser publier les notes si pleines d'intérêt et de critique sûre que son parent avait recueillies avec amour. La Gazette des Beaux-Arts publiait le 15 septembre 1860, le dernier article que M. Renouvier ait, sans aucun doute, composé; c'était à propos des découvertes nouvelles d'estampes sur bois et sur métal faites en Allemagne; M. Renouvier sévissait d'une façon juste, en même temps que sévère, contre certains historiens de l'art qui, par un amour-propre national mal placé, préfèrent avancer comme vrais des faits au moins contestables, alors que quelques recherches et un peu de bon vouloir, auraient suffi pour les éclairer pleinement sur la question. Le livre de M. Passavant avait en effet singulièrement choqué M. Renouvier, précisément à cause de ce parti pris de tout rapporter à Allemagne et il semble que cet article, qui devait être le dernier, ait été écrit avec plus de verve encore que de coutume.

Outre la série des ouvrages que nous allons mentionner par ordre

de date, M. Jules Renouvier publia dans la Revue universelle des Arts et dans la Gazette des Beaux-Arts, d'excellents articles que l'on ne consultera jamais en vain. Nous signalerons également une curieuse note sur le portrait d'Agnès Sorel, attribué à Jean Fouquet, note parue à Anvers dans le Journal des Beaux-Arts.

Notices archéologiques, extrait du Bulletin monumental de M. de Cau

mont:

4. Du Style ogival et de son introduction dans le Sud-Est de la France. 2. Excursion monumentale dans les Pyrénées.

3. Essai de classification des Eglises d'Auvergne. Caen. Hardel, 4837, in-8° de 24 p.

4. Notice sur la peinture sur verre et sur mur dans le Midi de la France. Caen, 1839, in-8.

Des vieilles maisons de Montpellier. Montpellier, 4835, in-8 de 24 p., 2 planches.

Notice sur les manuscrits de la commune de Montpellier, 4835, in-8 de 32 p. Publication anonyme.

Monuments de quelques anciens diocèses du Bas-Languedoc, expliqués dans leur histoire et leur architecture par J. Renouvier. Dessinés d'après nature et lithographiés par J.-B. Laurens. Montpellier. Castel, 4840, 4 vol. n-40 tiré à 400 exemplaires.

Cet ouvrage a commencé à paraître en 1855.

Monuments divers pris dans quelques diocèses du Bas-Languedoc, expliqués dans leur histoire et leur architecture par J. Renouvier, dessinés d'après nature et lithographiés par J.-B. Laurens. Montpellier. Castel, 1844, broch. in-4°.

Notices archéologiques extraites des publications de la Société archéologique de Montpellier :

4. Des anciennes Églises du département de l'Hérault. 4 re et 2 partie. 2. Sur les fenêtres de la rue des Rayles.

3. Des Fonts de Vias.

4. Sur une figurine en terre cuite du Cabinet archéologique de Montpellier, par M. J. Renouvier. In-40 s. d. (Extrait des Mémoires de la Société Archéologique de Montpellier, n° 20.)

Notes sur les Monuments gothiques de quelques villes d'Italie: Pise, Flo rence, Rome, Naples (août, septembre et octobre 1839). Caen. Hardel, 1844, in-80 de 48 feuilles. (Extrait du Bulletin Monumental, t. VII.)

Notice sur Philippe de Saint-Paul. Montpellier, 4844, in-8.

Avec la collaboration de Ricard: Des maîtres Tailleurs de pierre et des autres Artistes gothiques de Montpellier. Montpellier et Paris. Dumoulin, 1844, in-4°, fig.

Idées pour une classification générale des monuments par M. J. Renouvier. Montpellier. Bohem, 1847, in-4°. (Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier.)

Rapport sur le chapitre du Ministère de l'intérieur relatif aux Musées ationaux. Paris, de l'imprimerie de l'Assemblée constituante, 1848, in-40 de 20 pages.

Les Grisettes de race. Montpellier, L. Christin, s. d., 1851, in-8 de 8 p. Publication anonyme. (Tiré à 50 exemplaires.)

Des Types et des Manières des maîtres graveurs. Montpellier. Boehm. 18534856. 4 vol. in-4o.

Cet ouvrage est, sans contredit, le meilleur qui ait paru jusqu'à ce jours la gravure et sur les graveurs.

De Lyon à la Méditerranée, par J. B. Laurens, avec la collaboration de de plusieurs hommes de lettres. 2 livraison. Le musée de Montpellier, texte par M. Jules Renouvier. Paris. Martinon, 1855, in 8o de 24 p. fig.

Cette brochure a été réimprimée, avec de nombreux changements, dans la Gazette des Beaux-Arts du 1er janvier 1860.

Une Passion de 1446,

Les peintres et les enlumineurs du roi René. suite de gravures au burin, les premières avec date. Montpellier. Jean Martel, 4857, in-4° (Extrait des Publications de la Société Archéologique de Montpellier, nos 24 el 25.)

Les Peintres de l'ancienne école hollandaise. - Gérard de Saint-Jean de Harlem et le tableau de la Résurrection de Lazare. Paris. Rapilly. 4857. in-8°.

Des gravures en bois dans les livres d'Authoine Vérard, maître libraire, imprimeur, enlumineur et tailleur sur bois de Paris. Aubry, Imp. de L. Perrin. 1859, in-8°. 2 planches grav. en bois.

Histoire de l'origine et des progrès de la gravure dans les Pays-Bas et en Allemagne jusqu'à la fin du quinzième siècle, par Jules Renouvier. (Mémoire couronné par l'Académie royale de Belgique, le 23 septembre 1859.) Bruxelles. Hayez, 1860. Planche de monogrammes.

M. Quérard, dans la France Littéraire, t. XII, Paris, 1859, indiqu encore deux notices publiées par M. Jules Renouvier dans la Revue

du Midi.

Raphaël ou Ghirlando (p. 82-89, 2° série, 1843).

Études, mœurs et modes archéologiques (p. 181-199, même série et même année).

Georges DUPLESSIS.

UN ARCHIVISTE VEUT PUBLIER SES ARCHIVES.

Je suis heureux d'avoir à annoncer le premier, aux nombreux abonnés de votre Bulletin du Bouquiniste, une nouvelle bibliographique aussi utile qu'intéressante pour la science et pour l'histoire. Le jeune et intelligent archiviste de Loir-et-Cher, M. de Martonne, déjà connu pár de nombreux travaux historiques, vient, en se décidant à publier le grand cartulaire de Blois sans tenir compte de ses soins, de ses peines et de son travail: vient, dis-je, rendre à la science un signalé service,

si, surtout comme je l'espère, son exemple est suivi par ses collègues des autres départements; tout en se trouvant ainsi l'heureux innovateur d'un genre de publication précieuse et nécessaire pour l'étude en France de l'histoire, mais de cette histoire vraie, réelle, exacte, née des enseignements des Guizot, des Villemain, des Augustin Thierry: des travaux des Guérard, des Pardessus et des Pastoret. Juste appréciateur et grand partisan de cette école, la seule bonne, la seule sérieuse, M. de Martonne a compris que ce n'était pas écrire l'histoire que de remanier les livres déjà imprimés en se bornant à présenter les idées d'une autre manière, ou à grouper les faits augmentés de formes piquantes, dans un ordre nouveau. Aussi, convaincu que l'histoire, pour être véritablement historique, devait être écrite sur les sources avec les contemporains eux-mêmes, l'archiviste de Blois s'est décidé, dans un but d'utilité générale bien plus que de spéculation, à publier toutes les pièces anciennes intéressantes du Ix au XIe siècle qui se trouvent dans le dépôt confié à ses soins. M. de Martonne, en homme courageux et plein de tendresse pour la science, pensant avec raison qu'on doit toujours faire ce qu'un autre ne peut faire à votre place, s'est décidé à publier ses archives. Cette œuvre nécessaire et utile, jusqu'ici non tentée, fera connaître aux curieux et aux savants un recueil de 50,000 pièces toutes d'un égal intérêt. Que M. de Martonne nous laisse donc le bonheur de le féliciter publiquement le premier de cette heureuse innovation, de ce si important service rendu à l'histoire, qu'il nous laisse aussi le plaisir de lui annoncer le premier une longue liste de souscripteurs. Son appel sera entendu: son ouvrage ne s'adresse-t-il pas, en effet, à tous les dévouements patriotiques, aux grandes fortunes, aux noms illustres, aux positions élevées, aux sludieux et aux curieux, aux savants et aux gens du monde, enfin à tous ceux qui aiment les études sérieuses et l'histoire de leur pays. Henri de MONTEYREMAR.

Paris, 4 septembre 1860.

N. B. Le grand cartulaire de Blois est sous presse il paraîtra en cinq volumes in-4 du prix de 5 fr. chaque volume, payable lors de sa remise seulement. On souscrit à Blois, chez tous les libraires, à Paris, chez A. Aubry, 46, rue Dauphine.

Le prospectus sera adressé sur demande.

BIBLIOGRAPHIE TOURANGELLE.

Nous recevons de M. Édouard de La Noue une lettre sur la bibliographie d'Indre-et-Loir que l'abondance des matières nous force à renvoyer à un autre numéro. Nous sommes heureux de le remercier d'avance de cet intéressant travail. A. A.

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