Je passai des nuits sans sommeil; Je veux dormir sous ton soleil. Et ce fut là mon crime, ô tyrans de ma vie ! Que vous avait fait ma jeunesse Plongé dans un cloaque ouvert à tous les vices Je rêvais un monde sublime, Où les méchants avaient seuls tort 2. Je sors le cœur plein de mon rêve... Je la vois cette foule insensée et barbare Mais la douleur en vain m'assiége, Jusqu'à l'instant où, dans un piége, On n'enchaîne pas les loups, on les tue. Un mot sur la privation de la liberté eut mieux valu que cette image du loup et de l'agneau. (Note de Béranger.) Vers bien faible. (Note de Béranger.) Ce vers est à refaire. Il ne me semble pas juste par le fond; il tient, selon moi, la place de quelque chose de mieux à dire. (Note de Béranger.) J Je suis jeté devant Thémis, Je tombai sous vos coups, mortels impitoyables, Sans doute aux pieds d'une maîtresse Vous badiniez le front serein. Des pleurs! des fers! des pleurs! des fers! des pleurs encore ! Oh! qui voudra d'un jour juger par son aurore! Comme un saule aux rameaux funèbres, Proscrit, plaintif et solitaire, Effeuillant mes jours sur la terre Pendant cinq ans entiers traînant la même chaine Je façonnais la tendre lyre * *q 1 Cadavre promis à un couteau : est-ce bien ce que vous avez voulu dire? Un cadavre est privé de vie. Relisez les vers qui commencent l'autre strophe. (Note de Béranger.) 'Je n'aime pas cette fin. En tout cas il faudrait mettre, il me semble, le soir aux pieds, au lieu de sans doute. (Note de Béranger.) Pourquoi êtes vous si sûr que vous deviez être l'orgueil de la terre ? Il faudrait exprimer cela par le doute. (Note de Béranger.) Où mon âme se répétait, Espérant, par un temps plus calme, Qu'un grand homme' me promettait. Mon heure enfin sonna, mes verroux se brisèrent, Je revis mon berceau, mes chagrins s'apaisèrent. « Eh quoi! tu veux mourir, me dit l'enfant céleste, Sur les ailes du plus beau songe Je m'élancai vers l'avenir; Ont flatté mon âme ravie, Ici, qui va parler? Quelle voix ferme et sûre 1 Quel grand homme? Je cherche dans vos connaissances; et si, par hasard, vous avez eu l'idée de me désigner, vous faites encore là cette faute que je vous reproche si souvent, Bon Dieu! où cherchez-vous vos grands hommes ? Songez donc à ce que vous dites. Point de folle exagération! Un pauvre petit poëte, un grand homme! Effacez ce mot et mettez tout bêtement mon nom. Soyez vrai enfin. (Note de Béranger.) ⚫ Votre personnification de l'amour ne vaut rien ce que vous faites dire dans la strophe suivante ne vaut pas mieux. Est-ce ainsi qu'on parle de l'amour ? Dans votre position vous avez tout autre chose à dire sur un pareil sentiment, et à dire autrement. (Note de Béranger.) Combien de hontes et de peines!. Juges, qu'auriez-vous fait sous de froides murailles, Entre une mort lente et le crime Pourtant vous avez dit : « Frappons! il le mérite. Dans l'urne d'or de l'abondance, Mais du réduit funeste où languit ma misère Qu'est-ce que les lambeaux de la probité? Pourquoi croire qu'il n'y a de probité que sous les haillons? (Note de Béranger.) J'adopte votre correction de cruelle au lieu de lente. Il faudrait refaire les trois derniers vers, parce que la même apostrophe se trouve à la quatrième strophe. (Note de Béranger.) 'Rime mauvaise. Mérite, verbe; mérite, substantif. (Note de Béranger.) Songez que ce ne sont pas les juges qui décident du sort des accusés, mais leurs concitoyens qui sont jurés. De plus cette image est la même que velle du cadavre promis au couteau. (Note de Béranger.) Vous entendrez mon râle à votre heure dernière; CORRESPONDANCE. LETTRE DE M. HOUBIGANT A M. COCHERIS A l'occasion de sa réflexion critique sur le médaillon de François Ier qui existe dans le portique de Sarcus à Nogent-les-Vierges. Mon cher monsieur Aubry, Mon excellent ami, M. Houbigant, m'adresse une réponse à la note que j'ai insérée sur son château de Sarcus, et lève mes doutes relatifs à l'authenticité du médaillon de François Ier. Vous m'obligeriez infiniment en insérant sa réclamation. Tout à vous. Monsieur et ami, H. C.. Je suis fâché que vous ne m'ayez pas communiqué votre doute sur l'authenticité du portrait de François Ier dans la collection des médaillons du portique de Sarcus, quand nous étions ensemble à Nogent en présence même du médaillon; non que la vue du médaillon lui-même doive, par sa présence seule, faire cesser aussitôt toute espèce de doute; mais parce que j'avais là, en ma possession, ma collection des portraits de François Ier, dessinés sur nature, avant l'accident de Romorantin, et qui auraient pu me servir à vous sursaturer de la conviction que votre doute n'était nullement fondé. 1 Vos juges ou vos jurés n'iront pas à la postérité; ils n'y pensent pas le moins du monde. Ne fallait-il pas dire : A la postérité mes cris vous nommeront ou à peu près. (Note de Béranger.) 2 * Toutes les corrections que vous proposez pour cette fin de strophe ne la rendront pas plus convenable. Quelle bouffée d'orgueil! C'est là votre maladie. D'après quoi Thémis parlera-t-elle de votre hauteur? Réclamez au nom de l'humanité, mais non pas au nom du génie ; cela n'est permis à per sonne, pas même au génie. (Note de Béranger.) |