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cents espèces (les champignons et les palmiers exceptés), et il en contenait environ 500 non décrites. L'herbier du jeune Linné, plus soigné et dans un papier meilleur, renfermait la plupart des plantes de son supplément, à l'exception de celles qui étaient dans l'herbier de son père; il contenait, en outre, 1,500 belles plantes de la collection de Commerson, la plupart desquelles étaient nouvelles; et d'autres collections de Dombey, Leschenault, Lamarck, Pourret, Gouan, Smeathman, Masson, etc. On y comptait également une très-grande quantité de plantes provenant de sir Joseph Banks, qui lui avait donné des doubles de presque toutes celles d'Aublet, aussi bien que de son propre voyage aux Indes-Occidentales, avec un petit nombre de celles recueillies par lui dans ses voyages autour du monde, et qu'aucun botaniste ne possédait encore. Le jeune Linné avait fait aussi d'amples collections de plantes des jardins de Hollande, de France et d'Angleterre. Son herbier était indépendant et séparé de celui de son père.

Smith conserva toutes ces collections avec le soin le plus scrupuleux et comme un dépôt dont il se regardait responsable envers le monde savant. A sa mort, l'herbier de Linné fut proposé à la société linnéenne de Londres, et en mars 1829 cette société acheta pour le prix de 5,000 guinées (environ 78,000 fr.) non seulement cet herbier, mais encore toutes les collections de plantes et la bibliothèque de Smith luimême. Rien n'a été changé à la disposition de l'herbier de Linné, qui occupe encore dans les galeries de la société linnéenne ses mêmes cases et ses mêmes armoires.

Une note autographe de Linné, transcrite dans l'Egenhandiga Anteckningar af Carl Linnæus om sig sielf, c'est-à-dire Notes autographes de Charles Linné sur lui-même, et reproduite en allemand par Afzelius dans la traduction qu'il a publiée de cet ouvrage, et en français par M. Fée dans sa Vie de Linné, donne sur l'herbier de ce grand naturaliste des renseignements que nous croyons devoir reproduire ici.

« Mon herbier est sans contredit le plus grand qu'on ait jamais vu.

4. Dès ma plus tendre jeunesse, j'ai fait collection de toutes les plantes sauvages et cultivées que je trouvais en Suède.

« 2. J'ai réuni avec un grand soin toutes les plantes de la Laponie.

5. Dans mes voyages à travers le Danemark et l'Allemagne, en Hollande, en Angleterre, en France, j'herborisais continuellement.

4. Le jardin de Clifford, qui a été à ma disposition pendant trois ans, et qu'il m'était loisible d'enrichir de toutes les plantes rares qu'on pouvait se procurer, m'en a fourni une grande quantité que je desséchais avec soin. .

5. Georges Clifford possédait lui-même un grand herbier et me donna ses doubles.

« 6. Lorsque j'assistais Van Royen dans sa classification du jardin académique de Leyde, j'en obtins beaucoup de plantes vivantes; il m'en donna en outre de sèches tirées de sa collection.

« 7. En aidant le docteur Gronovius dans l'examen des plantes de la Virginie (herbier de Clayton), j'en obtins la plupart des doubles.

« 8. Miller me permit d'un recueillir dans son jardin de Chelsea, et me donna en outre beaucoup de plantes sèches, récoltées dans l'Amérique méridionale par Houston.

9. Le jardin d'Oxford, dirigé par Dillenius, me fournit aussi plusieurs plantes intéressantes.

« 10. Jussieu m'en donna beaucoup de sèches, et j'en recueillis moi-même une grande quantité dans le jardin botanique de Paris.

« 14. Le professeur Sauvages, qui avait reçu du fils de Magnol, botaniste célèbre, l'herbier de son père, me le donna tout entier.

« 12. Gmelin, à son retour de Laponie, où il avait voyagé

pendant plusieurs années, m'envoya un échantillon de chacune des plantes qu'il avait recueillies, afin d'avoir mes observations.

a 15. Steller, adjoint à Gmelin pendant ses voyages et ses excursions en Laponie, poussa jusqu'au Kamtschatka, explora la partie nord de l'Amérique, et mourut à son retour à Kjumeni. On s'empara de ses collections, et elles furent vendues à Demidoff, qui me les envoya pour les déterminer, en me donnant l'autorisation de prendre un échantillon de chaque plante.

« 14. Brown fit un herbier de la Jamaïque, et publia, à son retour à Londres, les figures des plantes les plus curieuses. Il me vendit cette collection quand il voulut retourner en Amérique.

« 15. Le professeur Kalm, qui paraissait né pour découvrir des plantes rares, fit une collection immense dans l'Amérique du Nord, et me donna un spécimen de chacune d'elles.

«<46. Le professeur Loefling, qui explorait avec la plus grande ardeur la péninsule ibérique, me donna aussi un double de ses plantes.

« 17. J'ai obtenu la totalité de celles que le docteur Hasselquist trouva dans l'Anatolie, en Égypte et en Palestine.

« 48. Le pasteur Osbeck me donna un échantillon de toutes celles qu'il récolta en Chine et à Java.

« 19. Le docteur Baster, de la Zélande, m'envoya de Java plus de 500 belles espèces de plantes.

« 20. Le conseiller de commerce Lagerstrom exigeait de chaque vaisseau venant des Indes une collection de plantes, et il me les envoyait toutes.

« 21. Le commissaire Claes Alstromer, qui visita avec une grande attention l'Angleterre, la France, l'Espagne et l'Italie, In'envoya plusieurs collections qu'il avait faites ou qu'il s'était procurées.

« 22. On n'avait encore dans aucun jardin semé autant d'espèces diverses de graines que dans celui d'Upsal pendant

mon administration; j'en recevais de toutes les parties de l'univers, et jamais je n'ai négligé de dessécher les plantes que ces semis me procuraient, quand je ne les avais pas dans mon herbier.

23. Kleinhof, qui forma à Java le premier jardin botanique créé hors de l'Europe, et qui cultivait avec soin une grande quantité de plantes des Indes, m'en envoya une grande caisse à son retour en Hollande.

« 24. Tous les botanistes de mon temps m'adressaient à l'envi des spécimens de plantes rares ou nouvelles pour avoir mon opinion, et parce qu'ils savaient me faire en cela le plus grand plaisir. Parmi eux je citerai Jacquin, Schreber, Haller, Arduini, Turra, Bassi, Miller, docteur Royen, L.-N. Burmann, Scopoli, Duchesne, Gouan, Séguier, Allioni, Hudson, Garden.

« 25. Koenig, à son retour d'Islande, m'envoya les plantes de cette île, et notamment une superbe collection de fucus et autres plantes marines. Plus tard, il me confia une grande quantité de plantes de Madère, du cap de Bonne-Espérance, de Madras et de Tranquebar.

26. Le professeur Burmann me fit plusieurs envois de plantes du cap de Bonne-Espérance.

« 27. Rolander recueillit sur les îles de l'Amérique une grande quantité de plantes rares; il les donna au maréchal de Geer, qui, à son tour, m'en fit présent.

28. Tulbagh, gouverneur du cap de Bonne-Espérance, m'envoya plus de 200 plantes très-rares et fort bien prépa rées, ainsi qu'une grande quantité de racines et de bulbes pour être plantées dans le jardin.

« Pour accroître mes collections, j'ai non-seulement parcouru la Suède, la Laponie, la Dalécarlie, l'Oeland, le Gotland, le West-Gotland, la Scanie, etc.; mais j'ai conseillé encore à mes élèves d'entreprendre des voyages sur divers points de l'univers. »

Linné reçut en outre, par les soins de Bassi et de Donati,

des plantes de l'Arabie qui lui furent remises après la mort de Forskal.

Voici les noms des principaux élèves de Linné qui voyagèrent en différentes parties du monde :

Ternstrom, Indes-Orientales; Kalm, Amérique septentrionale; Hasselquist, Smyrne, Égypte, Palestine; Montin, Laponie; Hagstrom, le Jemtland; Osbeck, la Chine; Loefling, Espagne, Amérique méridionale; Bergius, Gotland; Tidstrom, West-Gotland; Kæhler, Italie; Rolander, Surinam.

XIV.

VOYAGES

BOTANIQUES.

Ce chapitre, joint à ceux que nous avons consacrés, pages 55 et 74, aux herbiers de M. Benjamin Delessert, complète l'exposé et les itinéraires des principaux voyages entrepris dans l'intérêt de la botanique. Nous avons classé ces derniers, comme ceux qui précèdent, géographiquement et selon l'ordre des dates, autant qu'il nous a été possible.

EXPÉDITIONS ET VOYAGES GÉNÉRAUX.

P. Belon.-Pierre Belon, médecin et naturaliste, entreprit vers l'an 1546 un voyage aux îles de la Grèce et dans le Levant. Il visita le mont Athos, l'île de Lemnos, la plupart des fles de l'Archipel, le mont Olympe, Constantinople et les lieux les plus célèbres de l'Asie: le mont Sinaï, Damas, le mont Liban, Alep, etc. Il passa de là en Égypte et se rendit

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